Lille : l'opération « rideaux baissés » va-t-elle faire tâche d'huile ? lundi 19.05.2008, 08:20
La boutique de prêt-à-porter Sandra, rue Nationale, côté Grand-Place, sera fermée demain mardi, toute la matinée.
L'opération « rideaux baissés » de demain mardi, lancée par des commerçants indépendants du Vieux-Lille contre les hausses des loyers, mobilise au-delà des rues Esquermoise ou de la Monnaie. Dans d'autres rues de la ville, quelques enseignes veulent bouger.
Les affiches encadrent la porte vitrée de la boutique Sandra, rue Nationale. « NON à la flambée des loyers », « NON à la disparition du commerce de proximité ». Hier matin, Viviane Teler, gérante de cette enseigne indépendante de prêt-à-porter, exprimait sa colère. Propriétaire de son fonds de commerce depuis 1995, elle laissera la porte fermée, mardi matin, pour rejoindre le mouvement lancé par ses confrères du Vieux-Lille. « Je suis en procès depuis trois ans contre mon propriétaire qui veut multiplier le loyer par 4,5 !, témoigne-t-elle. Quand je me suis installée, j'ai réalisé de gros travaux. La loi dit que dans ces cas-là, je suis à l'abri du déplafonnement de loyer. Mais le proprio a décidé de l'augmenter en vertu de la commercialité de la rue. C'est une blague ! » Elle rappelle que la rue Nationale a bien changé en quinze ans et énumère les enseignes qui ont dû fermer, les banques qui se sont installées, la façade du Printemps qui n'a guère été améliorée, les bus qui ne passent plus. «
Je ne vois pas ce qui justifie une hausse de loyer, à 75 000 E par an ! », souligne son époux. « C'est un effet négatif de Lille 2004 , ajoute-t-elle. On a gagné en notoriété mais pas en chiffre d'affaires. Les pires proprios sont ceux qui ne se soucient pas de notre situation, qui ne sont pas à Lille, qui entendent des choses dans la presse économique. » «
Si les bénéfices des boutiques augmentaient aussi vite que les prix des loyers, ça se saurait ! », ironise cette autre commerçante.
Solidaires mais... Pour l'instant, rue Nationale, les Teler semblent seuls à se joindre à l'opération. « Je ne peux pas me permettre
de fermer une journée, avoue Jo Serruya, de Monceaux Fleurs. Les proprios s'en foutent qu'on baisse le rideau. Ce qui aurait plus d'impact, c'est qu'on décide tous de ne plus verser les loyers pendant six mois ! » L'initiative a également attiré l'attention rue Gambetta. Claire Vignier, de la boutique Mexicalis, veut agir pour lutter contre «
cette conjoncture de guerre commerciale » à la fois nationale et mondiale. Elle a fermé une heure, cette semaine, pour distribuer 25 affiches dans la rue Gambetta. «
Je ne pense pas que ces commerçants fermeront mais ils auront l'affiche en vitrine, par solidarité. » «
On est pris de court, tout cela se fait un peu vite, nous avons des rendez-vous qu'on ne peut annuler, mais nous voulons participer », assure Richard Degezelle, président de l'Union commerciale Gambetta. Il a envoyé des mails à 150 commerçants de la rue pour mobiliser. «
Un proprio peut multiplier le loyer par dix, on sait que le commerçant ne multipliera pas ses prix par dix. La situation devient critique. » Pour Gilberto D'Annunzio, à l'initiative de l'opération, «
il n'était pas question pour nous d'être pilotés par une association ou une fédération du commerce, nous sommes juste des indépendants qui ouvrons nos gueules ! Si d'autres nous suivent, tant mieux ! ».
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STÉPHANIE FASQUELLE
Source : http://www.lavoixeco.com/actualite/Secteurs_activites/Commerces_et_Distribution/2008/05/18/article_mardi-l-operation-rideaux-baisses-du-vie.shtml