Une épave au fond de la Canche sous la loupe des scientifiquesjeudi 12.06.2008, 04:54 - La Voix du Nord
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| FOUILLES |Pour la troisième année, des archéologues étudient une épave médiévale échouée au fond de la Canche, entre Montreuil et Étaples. Pendant trois jours, des géologues de l'université de Lille I prélèvent les sédiments alentour afin de reconstituer l'environnement dans lequel le navire s'est échoué.
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Le site s'étale près d'une maison abandonnée, au bord de la Canche, à l'entrée du village de Beutin. Là, deux semaines par an depuis 2005, une équipe de huit archéologues venus de toute la France étudie une épave médiévale échouée au fond de la Canche depuis plusieurs siècles. «
Ce bateau est la première épave ancienne trouvée dans la région Nord - Pas-de-Calais. Elle peut nous apporter des éléments de réponse sur l'architecture navale des Flandres maritimes au Moyen Âge », explique Éric Rieth, chercheur au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et spécialiste des épaves médiévales.
Une maquette Chaque jour, les membres de l'équipe, composée de chercheurs du CNRS, de la DRAC (Direction des affaires culturelles) et du DRASM (département de recherche archéologique, subaquatique et sous-marine), venus de toute la France plongent à tour de rôle pour étudier les restes du navire, qui reposent à près de trois mètres au fond de la Canche. Et en ramènent des « virures », soit des éléments de l'épave qu'ils vont ensuite photographier et analyser. But de l'opération : établir une maquette du bateau et découvrir un maximum d'éléments sur «
la navigation en eau douce au XVe siècle, le savoir-faire des constructeurs et le type de bois utilisé à l'époque », détaille Virginie Serna, de la DRAC.
«
Nous avons reconstitué une partie du bateau, le milieu, et il fait près de 15 mètres. Il n'aurait donc jamais pu naviguer sur la Canche telle qu'elle est aujour-d'hui », ajoute-t-elle.
C'est donc pour mieux reconstituer l'environnement géologique dans lequel le navire a jadis évolué que l'équipe pilotée par Éric Rieth a fait appel au département de géologie de l'université de Lille I. Pendant trois jours, cette équipe d'étudiants emmenée par le sédimentologue Alain Trentesaux effectue des prélèvements - des carottages, en jargon scientifique - afin d'étudier les sédiments aux alentours de l'embarcation. «
Nous cherchons des indices qui nous permettent de déterminer le milieu, le paysage dans lequel le bateau s'est échoué », précise Alain Trentesaux. Était-ce un milieu maritime, fluvial, marécageux ? «
Dans nos prélèvements, nous allons retrouver des organismes spécifiques soit au milieu marin, soit au milieu d'eau douce, par exemple. » Les échantillons prélevés seront analysés la semaine prochaine, au laboratoire de Lille I. « Nous pensons que l'épave est échouée sur un banc de sable, avance Éric Rieth, mais c'est une hypothèse. » Hypothèse que les géologues de Lille I confirmeront ou pas. Premiers éléments de réponse d'ici un mois ou deux.
La mission devrait se terminer bientôt, en 2009. «
Mais nous espérons revenir, car trois autres épaves ont été découvertes dans le coin », souligne, avec envie, Éric Rieth. •
> Conférence demain à 18 h 30 à la salle des fêtes de Beutin. Entrée libre