Un défilé du 14 juillet dans un climat tendu La patrouille de France
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4.000 soldats vont défiler ce matin sur les Champs-Elysées devant un nombre record de dirigeants étrangers La
quarantaine de dirigeants qui ont participé dimanche au sommet
inaugural de l'Union pour la Méditerranée sont conviés dans la tribune
présidentielle place de la Concorde.
Parmi eux figureront le président syrien Bachar al Assad et d'autres
dirigeants dont les régimes sont loin d'être irréprochables en matière
de respect des droits humains.
Des armées en plein malaiseLe défilé du 14 juillet a lieu cette année dans un contexte de morosité
des armées, qui craignent la refonte de la carte militaire, qui doit se
traduire par 54.000 suppressions de postes et la fermeture de dizaines
de bases, régiments et casernes.
Le drame de Carcassonne, où un sergent a tiré "par erreur" sur la foule
le 29 juin, a aussi alimenté le malaise. Selon des sources militaires,
le président Sarkozy aurait dénoncé "l'amateurisme" du 3e RPIMa de
Carcassonne, mot qui a encore attisé le ressentiment des militaires.
Des militaires également choqués par la démission du chef d'état-major
de l'armée de terre Bruno Cuche après cette affaire, ou l'enquête
énergique visant à identifier les membres de Surcouf, auteurs anonymes
d'une tribune virulente dans le Figaro du 19 juin contre le Livre blanc
sur la défense.
Un invité qui fait grincer des dents
D'anciens Casques bleus contestent la présence du
président syrien Bachar al-Assad au défilé, estimant qu'elle représente
une atteinte à la mémoire des 58 soldats français de la force
multinationale d'interposition tués en 1983 dans l'attentat de
l'immeuble Drakkar au Liban.
Certains pensaient que cet attentat, revendiqué par un "mouvement
islamique" inconnu, était le fait de la Syrie, mais aucune preuve de
l'implication de Damas n'a jamais été produite.
Le fait de l'imputer à Damas est une erreur historique, a rétorqué l'Elysée, qui y voit la main de l'Iran et du Hezbollah.
La présence de Bachar al-Assad a aussi été contestée dans l'opposition
française et chez les opposants syriens. Laurent Fabius (PS) a estimé
qu'il n'avait "pas sa place" dans la tribune d'honneur. Le chef de la
diplomatie Bernard Kouchner a lui-même reconnu que la présence du
président syrien ne le "remplit pas d'aise".
Un défilé sous le thème de l'UE et de l'Onu
Le défilé du 14-Juillet, fête nationale, est placé
cette année sous le double thème de l'UE, que la France préside
actuellement, et de l'ONU. Le président Nicolas Sarkozy a
"renouvelé" dimanche soir sa "confiance" aux armées, dans un message
interne adressé à l'ensemble des militaires français où il évoque le
drame de Carcassonne.
La lecture d'un extrait du préambule de la Déclaration universelle des
droits de l'homme par le comédien Kad Merad aura une portée symbolique,
de même que la participation de détachements de soldats mobilisés dans
des opérations de maintien de la paix en Méditerranée. Il y aura parmi
eux des soldats français revenant de mission pour la Force intérimaire
des Nations unies au Liban (Finul). La promotion de l'Ecole militaire
inter armes de Coëtquidan, qui défilera, a choisi de s'appeler
"Lieutenant Antoine de la Bâtie", en l'honneur d'un officier
parachutiste tué en 1984 par un attentat contre le QG des forces
françaises à Beyrouth, l'immeuble Drakkar. La fête nationale française,
dont le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies Ban
Ki-moon est l'invité d'honneur, est placée cette année sous le signe de
l'Europe, de la Méditerranée et de l'ONU.
L'animation musicale du défilé sera assurée par le Choeur des armées
françaises et le Choeur des jeunes sapeurs-pompiers du Puy-de-Dôme.
Soixante-cinq avions de combats, dont neuf Alpha-jets de la Patrouille
de France et six appareils d'Etats membres de l'Union européenne,
ouvriront le défilé. Suivront notamment 11 unités de troupes motorisées
et 30 hélicoptères, dont un Tigre allemand et un Cougar Slovène. Le
défilé se conclura par l'atterrissage de sept parachutistes de l'équipe
de France militaire.