CHALON-SUR-SAÔNE (AFP) - Le père dont la fillette est morte mardi oubliée dans une voiture en plein soleil à Saint-Marcel (Saône-et-Loire), a été mis en examen mercredi pour homicide involontaire et placé sous contrôle judiciaire, a annoncé le substitut du procureur de Chalon-sur-Saône.
"Nous avons notifié cet après-midi au père de la fillette sa mise en examen pour homicide involontaire avec placement sous contrôle judiciaire", a déclaré à la presse le substitut du procureur, Thierry Bas. La notification a eu lieu à l'hôpital où le père de famille est en observation depuis mardi soir, a-t-il indiqué.
Peu auparavant, une information judiciaire pour homicide involontaire avait été ouverte auprès du juge d'instruction Régis Devaux, a précisé M. Bas.
Le père de la fillette a été entendu par le magistrat à l'hôpital de Chalon. Les explications qu'il aurait pu fournir n'ont pas été divulguées à la presse.
Mardi, la petite Zoé, âgée de 3 ans, a été retrouvée morte dans la voiture de son père qui l'avait oubliée à l'arrière de la voiture en plein soleil. La fillette a succombé de "déshydratation", selon les résultats de l'autopsie rendus publics mercredi.
"Un grand moment d'absence": c'était la seule hypothèse avancée mercredi par les enquêteurs.
"A ce stade, aucun élément objectif ne vient permettre de donner un quelconque début d'explication claire à ce drame si ce n'est un grand moment d'absence du père qui n'a pu encore être entendu compte tenu de son état psychologique", a déclaré le directeur départemental de la sûreté publique, Jean-Louis Chapuis, lors d'une conférence de presse.
Cette tragédie intervient une semaine après celle de Pont-de-Chéruy (Isère) où un garçon de deux ans et demi était décédé après avoir été laissé seul par son père, un pharmacien de 38 ans, dans sa voiture.
Agé de 38 ans également, le père de Zoé, la fillette morte à Saint-Marcel, est cadre chez Areva. Il était "très attaché à ses (deux) enfants", selon leur nourrice.
Décrit par ses collègues de travail comme "travaillant ardemment" et "sans pression particulière", il a fait, selon eux, "une journée de travail normale mardi" après avoir garé, comme d'habitude, sa voiture vers 08H30 sur le parking dépourvu d'ombre de l'entreprise.
Auparavant il avait déposé à la garderie son fils de 5 ans, assis à l'arrière du véhicule aux côtés de sa soeur Zoé. Mais, contrairement à son habitude, il ne s'est pas arrêté chez la nourrice de Zoé, qui réside à 200 mètres du domicile familial à Saint-Marcel, près de Chalon.
"J'ai vu par la fenêtre de ma cuisine la voiture passer et ne pas stopper", a déclaré la nourrice aux enquêteurs, avouant n'avoir téléphoné aux parents que "vers midi" à leur domicile car elle ne voulait pas les déranger à leur travail.
Sa journée terminée, vers 17H00, le père a repris le volant de sa voiture pour récupérer son fils à la garderie et c'est seulement ensuite qu'il a découvert sa fillette inanimée comme une "poupée en chiffon", selon l'expression du substitut du procureur, Thierry Bas.
Il s'est alors précipité à la caserne des pompiers, à 17H45, l'enfant dans les bras, en hurlant: "je l'ai tuée, je l'ai tuée". Malgré de longs efforts, les pompiers n'ont rien pu faire.
Selon les résultats de l'autopsie, Zoé est décédée "entre 12 et 14H00 par déshydratation", a indiqué M. Bas en soulignant qu'il n'y avait "aucune trace de lésion suspecte sur le corps, aucun hématome, rien qui ne puisse laisser penser à une autre cause que la déshydratation".
"A ce stade de l'enquête, il n'est pas envisagé l'ouverture ou non d'une information judiciaire", a ajouté le magistrat.
Hospitalisé, tout comme son épouse, pharmacienne, "dans un état de détresse important", le père a été placé en garde à vue mardi soir, a-t-il précisé.
Le 15 juillet, l'enfant de deux ans et demi décédé à Pont-de-Chéruy avait été retrouvé mort après avoir été laissé seul par son père dans la voiture familiale garée pendant trois heures en plein soleil près de sa pharmacie.
Le père, qui devait déposer son fils dans sa famille, avait déclaré avoir été perturbé par un délit de fuite lors d'un accident dont il avait été témoin.